< PreviousMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Si nous partons du principe que le risque de chute est ac- cru surtout vers l’avant, l’exercice de test devrait tenir compte de la dynamique et de la direction du mouvement demandé. Le test de saut sur une jambe se rapproche de ces objectifs (voir ill. 3). Dans le processus de rééducation, surtout après des blessures au genou, on utilise ce test pour quantifier la différence de condition et de coordination entre la jambe blessée et la jambe saine et pour pouvoir tirer des conclusions sur une éventuelle reprise du sport. En raison de sa complexité en termes de génération d’im- pulsions anticipatoires volontaires (fréquence), de développe- ment rapide de force dans le cycle lent d’étirement-raccourcisse- ment (coordination intramusculaire) dans la phase de saut et la «prétension» contrôlée par feedforward pour un développement de force isotonique excentrique suffisamment élevé dans la phase de réception, le test de saut sur une jambe doit être consi- déré comme exigeant et donc sélectif. L’efficacité de la stabilité de l’axe de la jambe révèle indi- rectement les performances qualitatives du système sensorimo- teur, qui s’exprime notamment dans la coordination entre les muscles de la hanche, du genou et du pied. Ceux-ci sont impor- tants non seulement pour la rééducation et la prévention des blessures, mais représentent aussi des facteurs déterminants pour tous les mouvements nécessitant de la puissance rapide. Les indices de charge biomécaniques Dans tous les types de réception sur une jambe, la stabilité dyna- mique du genou est d’une importance centrale. Elle est considé- rablement influencée par la musculature entourant l’articulation du genou et de la hanche et nécessite une stabilité suffisante du haut du corps. En outre, la stabilité dépend de la masse muscu- laire en tant qu’élément contractile et de son contrôle par le sys- tème nerveux central, et donc de la production potentielle de force (Grip, Tengman & Hager, 2015). L’axe de charge de la jambe, dont on parle beaucoup, est surtout influencé par la direction de la charge. Normalement, l’axe de charge entre le centre de l’articulation de la hanche et le milieu de l’articulation de la cheville passe approximativement par le milieu de l’axe de rotation du genou (Richard & Kullmer, 2013). Une déviation de la symétrie axiale peut se traduire par une position d’abduction ou d’adduction marquée (valgus/varus), généralement avec une position de rotation du fémur par rapport au bas de la jambe. L’orientation du tronc (stabilité du haut du corps) et les ab- ducteurs de la hanche ont également un impact décisif sur l’axe de charge de la jambe. La stabilité du haut du corps décrit entre autres la faculté de positionner le tronc sur le bassin de sorte que la production, le transfert et le contrôle de la force vers les seg- ments soient optimaux (Press & Sciascia, 2006) . La stabilité proxi- male précède la stabilité distale (Kibler et al., 2006). Conseil: si le niveau de puissance rapide représente un facteur impactant le risque de chute, la «puissance du saut» (ici sous la forme du test de saut sur une jambe) peut être considérée et testée comme la manifestation neuro- musculaire du potentiel correspondant. Illustration 3: exécution du test de saut sur une jambe. Dans le contexte du sport thérapeutique, on mesure et on interprète la différence de la longueur du saut entre la jambe blessée et la jambe saine. (Source: Deutsche Knie- gesellschaft Testmanual Silberstandard) Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé 20Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 L’inclinaison latérale du buste, le moment d’abduction de la hanche et la rotation interne de la hanche permettent de prédire la stabilité du genou. À cette fin, la rotation interne de la hanche, qui est fonctionnellement associée à la force de rotation externe de la hanche (muscles obturateurs interne et externe, muscles jumeaux supérieur et inférieur, muscle carré fémoral, muscle piriforme et muscle grand glutéal), est déterminante. L’inclinaison du buste peut être considérée comme un mécanisme de compen- sation réactif en cas d’insuffisance des abducteurs de la hanche, servant à compenser le moment d’adduction de la hanche. Une activation précoce des muscles moyen glutéal et petit glutéal est importante pour obtenir un positionnement adéquat de la hanche et pour pouvoir absorber les forces de réaction du sol. Des ab- ducteurs de la hanche faibles peuvent modifier le mouvement de sorte que l’inclinaison latérale du torse vers la jambe d’appui s’accentue. Lors d’un «événement de saut» prévisible, la qualité de la stabilité dynamique est également déterminée par une adapta- tion variable du degré de rigidité au sein de la chaîne musculaire principale; la «prétension» permet de stocker une partie de l’éner- gie cinétique dans les structures élastiques du tissu conjonctif et de la libérer pendant la phase de mouvement concentrique (Schwameder et al. 2013). Évaluation des indices de charge biomécaniques dans le test de saut sur une jambe Le tableau 2 permet d’évaluer les indices de charge bioméca- niques importants pour le contrôle postural à tous les niveaux du mouvement à l’aide de quatre colonnes en les quantifiant par un chiffre (le chiffre de la «rotation interne de la hanche» comp- tant double). Un score total de «0» correspond à un saut sur une jambe d’une efficacité maximale, avec un équilibre articu- lo-musculaire parfait. Plus le score total est élevé, moins l’exé- cution du saut sur une jambe est efficace et plus la charge est inadéquate. Lorsque le score total est égal à 2 ou 3, un entraîne- ment thérapeutique spécifique de cette compensation méca- nique pathologique est indiqué. En partant du principe que la stratégie de la cheville joue un rôle central dans la partie sensorimotrice de l’équilibre, il est utile de pouvoir utiliser, en plus des tests moteurs, un questionnaire validé pour évaluer les troubles et les limitations fonctionnelles au niveau des articulations du pied et de la cheville. Il est recomman- Tableau 2: tableau d’évaluation du test de saut sur une jambe, basé sur l’évaluation subjective des indices biomécaniques; score actuellement utilisable seulement pour un suivi individuel. (U. Geiger 2023) dé d’utiliser le questionnaire «Foot and Ankle Ability Measure» (FAAM-G), qui fournit des informations sur les activités quoti- diennes, mais aussi sur les limitations mécaniques dans le sport. Structuration de l’entraînement Le principe d’entraînement fondamental de l’augmentation pro- gressive de la charge est réalisé, lors de l’entraînement des perfor- mances d’équilibre, aux niveaux statique, dynamique et réactif. Selon les objectifs individuels, une différenciation plus poussée de la charge d’entraînement au moyen des paramètres reliés que sont la durée et l’intensité de l’entraînement (vitesse de mouvement) est utile. Il peut paraître frappant que pour un entraînement sensori- moteur, on ne propose ici aucun accessoire prévoyant explicite- ment un support instable, sur lequel aucun mouvement (de dépla- cement) dans l’espace n’est possible (voir tab. 3). Indices de charge biomécaniques Aucun 0 Peu marqué 1 Marqué 2 Prononcé 3 Stabilité du haut du corps (aspect vertical) Inclinaison du haut du corps (vers la jambe de saut) Adduction de la hanche (depuis le bras de levier du bassin) Abduction de la hanche (depuis le bras de levier du bassin) Rotation interne de la hanche (x 2) (depuis le bras de levier du bassin) Abduction du genou (valgus) Adduction du genou (varus) Dynamique de saut et raideur Stratégie de la cheville (efficacité du mouvement d’équilibrage) Total intermédiaire (points par indice)____ points____ points____ points____ points Score total____ points 21Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Tableau 3: exemple de conception d’un entraînement pour stimuler les performances d’équilibre (source adaptée: «mobilesport» 05/2015). Ce tableau peut servir d’orientation (le contenu de l’entraînement variera selon les capacités et les faiblesses individuelles de la cliente ou du client). Focus: stimulation somato-sensorielle Focus: stimulation du sens de la rotation Focus: stimulation du sens de la position et du mouvement Niveau 1 Stabilité statique Niveau 1 Stabilité statique Niveau 1 Réduction de la surface d’appui Exercice de l’avion sur sol stable (exercice de maintien de la position) En position debout: lever et baisser la tête de manière contrôlée Avec différents placements des pieds: exercices supplémentaires avec un/e partenaire ou des balles Exercice de l’avion (dynamisé) avec mouvements des bras et de la jambe libre Debout sur une jambe: lever et baisser la tête de manière contrôlée Debout sur une jambe: exercices supplémentaires avec accessoires (aussi sur la pointe des pieds) Exercice de l’avion sur un tapis roulé ou une corde Debout sur le tapis: lever et baisser la tête de manière contrôlée Sur un banc suédois (retourné): «jeux de balles» avec un/e partenaire Exercice de l’avion (dynamisé) avec mouve- ments des bras et de la jambe d’appui La stimulation peut être accentuée en réduisant le sens de la vue – soulever des objets avec le pied – tirer un TheraBand avec le pied Niveau 2 Stabilité dynamique Niveau 2 Stabilité dynamique Niveau 2A Surface instable (2D) – marcher sur un banc suédois (retourné) – év. marcher aussi en arrière Marcher sur un banc suédois en tournant la tête (le regard dans différentes directions) Pieds sur un support glissant – ski de fond – se faire tirer Marcher sur un banc suédois les yeux fermés Exercices avec un/e partenaire et des accessoires sur un matelas d’équilibre («balance pad») Marcher sur un banc suédois avec des changements de direction à 180° Niveau 2B Surface instable (3D) Marcher sur différentes surfaces– couché/e sur le dos sur un rouleau, avec mouvements des bras et des jambes – appui latéral des avant-bras sur un ou des rouleau/x – exercices de gymnastique avec un ballon Niveau 3 Stabilité dynamique Niveau 3 Stabilité dynamique Niveau 3 Surface instable (2D) Forme de mouvement spécialement dynamique dans le cycle d’étirement- raccourcissement (mouvements de la hanche, sauts hauts/bas, variantes de pas) Dans un entraînement axé sur la santé, le niveau 3 s’applique rarement. Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé 22Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Bon à savoir pour la pratique – L’entraînement de l’équilibre s’appuie sur la perception consciente et inconsciente, qui elle-même repose sur l’interprétation liée à la réflexion, aux émotions, à la mé- moire, à l’attention et aux sensations (B. Baviera, 2003). – Entraîner les performances d’équilibre n’est judicieux que si l’on porte une grande attention à la qualité des mouvements effectués (voir axe de charge de la jambe et stabilité du tronc). – Étant donné que les chutes sont presque exclusivement dues à des séquences de mouvement (dynamiques) changeant dans l’espace, entraîner l’équilibre statique n’est pas suffisant pour prévenir les chutes. – L’entraînement général de l’équilibre devrait varier non seulement la position du corps et les mouvements, mais aussi la position des yeux (direction du regard) et de la tête à partir de la position de base. – Il convient de porter une attention particulière à la statique du pied. La perception et la concentration doivent être consciemment axées sur les «points de bascule critiques» et nécessitent une représentation imagée de l’exécution correcte du mouvement. – Il ne faut passer d’un sol stable à un sol instable que si l’équilibre articulo-musculaire peut être assuré au cours de l’exercice dynamique. – Comme la mobilité se déroule, dans la vie de tous les jours, sur des sols stables, il n’est pas judicieux d’entraî- ner l’équilibre exclusivement sur des surfaces instables dans le cadre du contrôle postural. – Dans l’entraînement somato-sensoriel de l’équilibre, l’amélioration de la stratégie du pied joue un rôle décisif. – L’efficacité visée de la stratégie du pied dépend surtout de la coordination intermusculaire pilotée par les réflexes (stimulation et inhibition réflexes des muscles stabilisant les articulations talo-crurale et subtalaire) au sein des segments de motoneurones alpha et gamma. – L’entraînement ne doit pas être effectué dans un état de fatigue et ne doit pas entraîner de fatigue du système nerveux central (faux mouvements en cas de compensation). – La durée de l’effort au niveau 1 (maintien de la position) se situe entre 5 et 45 secondes au maximum. – Le nombre de répétitions au niveau 2 (mouvements dynamiques) se situe entre 1 et 25 au maximum. Bibliographie Cescato, N. & Gubser, R. Sturzrisiko bei älteren Erwachsenen , zhaw Gesundheit, 2020 Geraedts, P. Motorische Entwicklung und Steuerung , Springer, 2020 Heilman, F. Dynamische Posturographie (dissertation), 2019 Horak, B. Postural Control , Springer, 2009 Huber, M. Therapie / Gleichgewichtstraining , Physiopraxis 11-12/19 Keinle, G. Sensomotorisches Training, Mobilesport , Office fédéral du sport, 2015 Klein-Vogelbach, S. Funktionelle Bewegungslehre , Springer, 1995 Kressig, R. Sarkopenie, Definition, Diagnostik und Therapie , Verlag Hans Huber, 2013 Laube, W. Sensomotorisches System , Thieme, 2009 Limone, S. Organisation der sensorischen Informationen für posturale Kontrolle , 2021 Pauls, M. Zusammenhang der dynamischen Kniegelenkstabilität mit der Oberkörperkontrolle und der hüftumgebenden Muskulatur (dissertation), 2020 Preilowski, P. EduTech-Firma «Out Of The Box Science», 2022 23Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Physiothérapie Collaboration interdisciplinaire entre les physio- thérapeutes et les entraîneuses et entraîneurs L’interface entre physiothérapie et fitness est une clé décisive pour le succès de nombre d’entreprises. Dans cet article, je vous présenterai mon parcours ainsi que certains aspects fondamentaux de cette collaboration interdisciplinaire. La maxime de Thomas: la thérapie ne s’arrête pas lorsqu’on descend de la table, elle ne fait que commencer, et se poursuit par une thérapie active par l’entraînement. 24Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Je suis devenu physiothérapeute en 1996, après avoir changé de voie. Qu’est-ce qui m’a poussé à abandonner mon métier de poly- mécanicien pour embrasser la plus belle profession du monde? C’est l’envie de travailler avec des gens et ma soif de connaissances dans le domaine de la médecine, de l’anatomie, de la santé, du sport et de l’activité physique. En tant que physiothérapeute aussi, je dirige un atelier, mais à un autre niveau. Dès mon premier jour d’activité, j’ai compris que traiter quelqu’un sur une table n’était qu’un des aspects de la physiothé- rapie. Ma maxime (que je partage avec ma patientèle) a donc toujours été la suivante: la thérapie ne s’arrête pas lorsqu’on des- cend de la table, elle ne fait que commencer. Et à mon avis, le retour à l’autonomie de la ou du patient/e, que ce soit dans son métier, ses hobbies, dans le sport ou la vie quotidienne, ne peut être durable que si j’endosse aussi le rôle de coach, ou d’entraîneur. Dès que je me suis mis à mon compte, j’ai eu la ferme intention de mettre en place, à côté de mon cabinet de physiothérapie, un centre de rééducation active, car je pense que la collaboration interdisciplinaire avec des spécialistes du sport et de la santé est incontournable. Mes expériences m’ont montré que les physiothérapeutes ne sont pas des spécialistes de l’entraînement, car celui-ci ne fait pas partie de leur formation. Je constate aussi que les entraîneurs/euses «classiques», axé(e)s sur la performance, ne sont pas des spécialistes de l’entraînement axé sur la santé. Les médecins non plus ne sont pas des spécia- listes de la physiothérapie et du fitness. C’est pourquoi je plaide pour une communication interdis- ciplinaire et une collaboration entre les spécialistes de chaque domaine. Cet échange n’exige pas qu’on discute de tout jusque dans le moindre détail, mais qu’on aborde certains points impor- tants, comme les indications et les contre-indications, les degrés de stabilité, les antécédents, les médicaments, etc. C’est ainsi que je pratique depuis toujours, tant dans mon cabinet que dans le suivi des athlètes. Seule une collaboration ouverte avec leurs médecins personnels – médecins de famille ou de Swiss Olympic –, leurs chirurgien(ne)s et leurs entraîneurs/ euses permet d’obtenir un résultat optimal pour toutes les per- sonnes concernées et de mener les patient(e)s ou les athlètes vers le succès. Cela requiert du respect et de la reconnaissance mutuelle. Ce respect apparaît lorsque la curiosité et le savoir vont au-delà des connaissances de base. Une équipe harmonieuse grâce au savoir et au passage fluide entre physiothérapie et entraînement Pour optimiser les connaissances et l’harmonie au sein de l’équipe et de l’entreprise, il faut savoir exactement: – quelle est la philosophie de l’entreprise, – quelle est l’offre globale de l’entreprise, – et quels atouts, savoir et spécialisations chaque collaborateur/trice possède. Connaître la philosophie de l’entreprise est indispensable pour toute l’équipe Afin que tout le monde tire à la même corde, chacun/e doit savoir dans quelle direction tirer. L’entreprise et ses différents secteurs doivent avoir un/e responsable clairement défini/e, qui trans- mette l’ADN de l’entreprise à ses collaborateurs/trices et encadre leur travail. Cet encadrement est à mes yeux d’une importance primor- diale, car les moindres écarts de certains membres du personnel entraînent de l’incertitude au sein de l’équipe et de l’entreprise, et débouchent fatalement sur un changement de cap, qui troublera l’image de l’entreprise aux yeux de la clientèle. L’équipe doit connaître l’offre globale Un suivi optimal des patient(e)s et des client(e)s exige que chaque membre de l’équipe connaisse l’offre de l’entreprise. Ainsi, les personnes qui ont fini leur traitement de physiothérapie peuvent être confiées au centre de fitness avec les informations requises sur leur état de santé et les objectifs à atteindre. Thomas Tholey 25Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Physiothérapie De même, les client(e)s du centre de fitness souffrant d’une douleur peuvent être confié(e)s au cabinet de physiothérapie pour un massage, un drainage lymphatique ou un traitement manuel. Lorsque chacun/e connaît les atouts et les spécialités des autres, elle ou il peut adresser les patient(e)s et les client(e)s à la bonne personne. C’est là l’un des outils les plus puissants pour mettre en évidence les compétences que possède l’entreprise. Reconnaître à un physiothérapeute ou une entraîneuse son rôle de spécialiste a un double effet: – Il ou elle apparaît comme une sommité capable de ré- pondre exactement aux besoins spécifiques du ou de la client/e et d’offrir la meilleure solution possible. – Les collègues d’une même entreprise apprennent à se connaître. La glace est rompue et des liens de confiance se créent. De soignant à coach 26Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Comment y parvenir au sein de mon entreprise? Il vaut la peine de prendre le temps de coucher la philosophie de l’entreprise sur le papier et de faire lire ce texte – et idéalement de le faire signer – lors de chaque entretien d’embauche. L’encadre- ment et la mise en œuvre relèvent, comme indiqué plus haut, du ou de la responsable du service concerné. Des formations interdisciplinaires générales aident à éle- ver les connaissances de tous les membres de l’équipe et à har- moniser la collaboration. Chacun/e sait de quoi on parle, quelles mesures ont été prises jusqu’ici, et connaît les recommanda- tions à donner pour la suite de la thérapie ou de l’entraînement. Lorsque ce type de transmission et de passage se passe bien, les patient(e)s et les client(e)s sont favorablement impression- né(e)s et la confiance s’installe. Naturellement, des formations continues spécifiques à chaque discipline, dispensées au sein ou à l’extérieur de l’entre- prise, sont également nécessaires pour rester à la page. Là aus- si, il vaut la peine d’élargir son champ de vision pour, peut-être, acquérir un nouvel outil de travail et se doter d’un argument clé de vente dans la région. Il est aussi conseillé d’avoir des contacts étroits avec des médecins ou des instituts de médecine alternative. Cela permet de discuter de méthodes de soins (conseil en diététique, méde- cine traditionnelle chinoise ou autohémothérapie, par exemple) pour améliorer le résultat de la thérapie ou de l’entraînement de la patientèle et tirer profit de ces échanges. Dans le meilleur des cas, l’entreprise embauchera divers spécialistes de ces soins. Comment me distinguer de la concurrence et des chaînes d’entreprises? La réponse est très simple: par la qualité. Je ne parle pas de la qualité des appareils, qui permettait encore, par le passé, de mar- quer des points quand les centres de fitness à bas prix possé- daient de vieux appareils rouillés dans des caves sentant la transpiration. Ces temps sont révolus. Aujourd’hui, on trouve de très bons appareils mêmes dans les centres à bas prix ou les chaînes d’entreprises. Mais on y trouve aussi parfois un person- nel très mal formé. La plupart du temps, il s’agit d’entraîneurs/ euses qui apprécient eux-mêmes la gonflette, mais ne possèdent aucune connaissance solide sur la physiologie de l’entraînement, la diététique, sans parler des indications et contre-indications que l’on doit connaître pour proposer un entraînement axé sur la santé. La qualité est notre outil essentiel pour nous imposer sur le marché. Pas au moyen d’une publicité chère ou grâce à des rabais, mais par un travail «précieux», un travail qui vaut son prix! Je discute très rarement du prix des abonnements ou de la motivation et de l’état d’esprit au travail avec mes employé(e)s. Il suffit qu’elles et ils prennent conscience que ce sont les client(e)s qui payent leur salaire, et personne d’autre. L’amabilité, la qualité et, ainsi, la satisfaction de la clientèle deviennent alors des évidences. Un métier exercé par passion Je souhaite à tout le monde d’être passionné/e par son activité professionnelle. Une activité qui ne ressemble pas à du travail, et qu’on prenne plaisir à exercer. Qui donne l’impression, à la fin de la journée, de s’être rendu/e utile et pas seulement d’avoir fait ses heures. Car je pense que le temps de travail est du temps de vie, et que le temps de vie est sacré! Au cours de mes 30 ans d’activité en tant que physiothéra- peute indépendant, il y a peu de jours où je n’ai pas eu envie d’aller travailler. Nous avons traversé une époque un peu étrange en 2020, mais à part cela, je peux affirmer que je ne suis jamais allé au travail à reculons. Conclusion Nous sommes des entrepreneurs/euses passionné(e)s, qui avons mis beaucoup de cœur à l’ouvrage pour faire prospérer nos en- treprises. Il faut faire passer ce message à notre équipe et à nos client(e)s actuel(le)s et futur(e)s, qui réaliseront que notre entre- prise est incontournable dès lors qu’ils ou elles recherchent le meilleur service. 27Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Avec ses associations partenaires, la FSCFS tente d’accroître son influence à Berne sur certaines questions politiques qui sont impor tantes pour la branche du fitness. Cet article éclaire deux prises de po- sition de la FSCFS, qui ont été trai- tées lors de la session de printemps de 2024. La FSCFS étant une petite as- sociation, elle ne parvient pas tou- jours à se faire entendre au Palais fédéral. Pour avoir un impact aussi fort que possible, il est important de bien coordonner nos interventions avec nos associations partenaires, des partenariats qui sont nés grâce à notre réseau politique. Dans tous les cas, nous continuons de nous battre pour des PME de fitness solides et une branche forte! La FSCFS à Berne lors de la session de printemps 2024 Claude Ammann À la session de printemps de 2024 aussi, la FSCFS a pris position sur des questions politiques importantes pour les PME de notre branche. Actualités de la FSCFS 28Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Recommandation de la FSCFS: acceptation de la motion 23.3538 Cette motion fait référence à une promesse et aux baisses prévues des taux d’intérêt. Malgré cela, des intérêts plus élevés peuvent désormais tout de même être exigés sur les crédits COVID-19 non remboursés à partir d’avril 2023. Par cette décision, le Conseil fédéral a aggravé la situation financière précaire de nombreuses PME. Dans le débat portant sur les crédits COVID-19 garantis par cautionnement, l’ancien mi- nistre des finances, Ueli Maurer, avait pourtant déclaré: «Si la question [de la hausse des taux d’intérêt] devait surgir et une pesée d’intérêts avoir lieu, le Conseil fédéral prendrait à coup sûr une décision favorable à 100 000 PME, et non à 123 banques. Le Conseil fédéral vous accorde cette garantie.» Malgré une évolution positive de leurs chiffres d’affaires, nombre d’entreprises de fitness manquent de fonds propres. La branche a besoin de plus de temps pour rembourser ses dettes, d’autant plus qu’un peu partout, l’inflation fait fondre les marges. C’est pourquoi la FSCFS soutient la motion Kamerzin, qui exige que la loi soit modifiée de sorte que les intérêts appli- cables aux crédits COVID-19 soient supprimés pour les crédits inférieurs à 500 000 francs et que le taux d’intérêt soit plafonné à 0,5 % pour les crédits supérieurs jusqu’à leur échéance. Les entreprises n’ont pas besoin d’être incitées à rembourser leurs crédits et, pour celles qui n’ont pas encore retrouvé la sta- bilité financière, les intérêts, loin de favoriser les rembourse- ments, les mettent plutôt en péril. Par ailleurs, des baisses des taux d’intérêt sont attendues en 2024. Recommandation de la FSCFS: acceptation des motions 23.3842 et 23.3759 Un bénéfice de liquidation réalisé pour des motifs légitimes ne doit pas être pénalisé. La FSCFS soutient la demande d’établir une distinction claire entre bénéfice de liquidation et sortie de liquidités dans les ordonnances COVID-19 cas de rigueur. Celles-ci interdisent aux entreprises ayant bénéficié d’aides pour les cas de rigueur d’ef- fectuer certaines transactions financières jusqu’à trois ans après leur obtention. Toutefois, elles n’indiquent pas clairement si ces interdictions concernent aussi un bénéfice de liquidation réalisé pour des motifs légitimes, tels qu’une cessation d’activité pour cause de fin de bail, de maladie ou de retraite. Cette imprécision entraîne une interprétation inadéquate des ordonnances ainsi que des différences et inégalités criantes entre les cantons. La présente motion vise à corriger cela et à garantir que les en- treprises qui ont reçu des aides COVID-19 et cessent leur activité pour des motifs légitimes ne soient pas inutilement pénalisées. Notons que le but de cette restriction d’utilisation concernant les aides pour les cas de rigueur était de lutter contre les abus. La FSCFS a accès à un grand nombre d’exemples qui montrent toutefois que, dans certains cantons, les demandes de rembour- sement des aides sur instruction de l’administration fédérale vont beaucoup trop loin. Une expertise juridique réalisée par Isabelle Häner, professeure de renom, et Livio Bundi, tous deux docteurs en droit, arrive à une conclusion similaire: une cessation d’activité ou la vente d’une entreprise pour des raisons d’âge, de santé, de décès ou de fin de bail ne sont généralement pas des cas d’abus. Par conséquent, les bénéfices de liquidation réalisés dans de tels cas ne doivent pas être pénalisés. La FSCFS à la session de printemps de 2024 23.3538 Motion Kamerzin Crédits COVID-19 garantis par cautionnement. Supprimer les intérêts pour les crédits inférieurs à 500 000 francs et plafonner le taux d’intérêt à 0,5 % pour les crédits supérieurs à 500 000 francs. Traitée au Conseil national le 6 mars 2024. La FSCFS à la session de printemps de 2024 23.3842 Motion Gapany / 23.3759 Motion Feller Cas de rigueur COVID-19: un bénéfice de liquidation n’a pas à être assimilé à une sortie de liquidités inter - dite par le système d’aides pour les cas de rigueur. Traitées au Conseil des États le 11 mars 2024 et au Conseil national les 12 et 13 mars (motion Feller) 29Next >