< PreviousMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 de temps) différents. Le flux énergétique le plus rapide est celui des phosphates riches en énergie, et le plus lent est celui de l’oxy- dation des acides gras; c’est pourquoi la performance musculaire (vitesse de contraction) est plus faible dans la filière aérobie que dans la voie anaérobie. Les étapes de la mise à disposition de l’énergie ne se suivent pas rigoureusement, mais se chevauchent en fonction de l’intensité et de la durée de l’effort requis. Du point de vue de la production d’énergie, les glucides ont un avantage sur les lipides: si ces derniers, lors de la combustion, fournissent 9,3 kcal/g (contre 4,1 kcal/g pour les glucides), l’élé- ment décisif n’est pas cette valeur absolue, mais la valeur calo- rique atteinte par litre d’oxygène. Cette valeur est de 5,1 kcal pour les glucides, et de 4,5 kcal pour les graisses. Ainsi, pour un même apport d’oxygène, le gain énergétique du glucose est supérieur de 13 % (et même de 16 % pour le glycogène intracellulaire) à celui de la combustion des graisses. Métabolisme lipidique Même si les lipides constituent le plus grand réservoir d’énergie de l’organisme, leur combustion dépend de la durée et de l’inten- sité de l’effort, de l’ampleur de la musculature impliquée et du type de fibre musculaire (I et II) 4 . Cependant, étant donné que lors d’efforts de très longue durée, les réserves de glycogène ne suffisent pas à couvrir les besoins énergétiques, la combustion des acides gras joue un rôle de plus en plus important à mesure que la durée de l’effort aug- mente. Lors d’un travail musculaire de plusieurs heures, les acides gras peuvent couvrir 70 à 90 % des besoins énergétiques. Les lipides utilisés pour fournir de l’énergie en cas d’effort physique sont principalement les triglycérides. Dans les triglycé- rides, une molécule de glycérine est toujours reliée à trois acides gras, dont la longueur de la chaîne peut varier. La dégradation des graisses débute par l’hydrolyse des triglycérides en glycérine et en acides gras libres sous l’action de l’eau. On appelle ce phénomène la lipolyse. La glycérine et les acides gras sont libérés dans la voie sanguine et transportés à l’endroit où le corps en a besoin. Les muscles cardiaques et sque- lettiques possèdent un système enzymatique complet pour dé- grader les acides gras. 4 Les fibres musculaires de type I (fibres lentes) ont besoin d’oxygène pour produire de l’énergie, se contractent lentement et se fatiguent moins rapidement. Les fibres de type II (fibres rapides) réagissent rapidement et sont mobilisées lors de mouvements rapides et explosifs. Les acides gras sont des molécules inertes, qui doivent être activées pour pouvoir être métabolisées. Avec l’énergie de l’ATP, l’enzyme thiokinase transforme l’acide gras en acyl-CoA, qui pénètre dans les mitochondries au moyen d’un support intermédiaire. C’est là qu’a lieu la bêta-oxydation, lors de la- quelle deux atomes de carbone se détachent des chaînes d’acides gras, s’activent en acyl-CoA et entrent dans le cycle de Krebs. L’oxydation se poursuit par le cycle de Krebs et la chaîne respiratoire. Ce processus nécessite près de 7 % d’oxygène de plus pour oxyder les graisses que pour dégrader les glucides par rapport à la même quantité d’ATP produite. L’oxydation des acides gras joue un rôle important chez les sportives et sportifs d’endurance. Grâce à une capacité accrue de leur appareil cardio-vasculaire, elles et ils peuvent apporter plus d’oxygène à la cellule et, de cette manière, continuer à oxyder des acides gras lors d’efforts intenses, alors que chez les personnes non entraînées, la glycolyse et donc la consommation de glucides s’est déjà mise en marche. Les sportives et sportifs d’endurance entraînés peuvent donc conserver du glycogène dans la cellule, et l’utiliser par exemple dans la phase finale d’une course. Un métabolisme «efficace» du point de vue de la santé se révèle en particulier dans le métabolisme de repos, car au repos et lors d’efforts légers à modérés, le corps devrait principalement métaboliser des graisses pour obtenir de l’énergie. La capacité de l’organisme à fournir de l’oxygène est donc le facteur clé pour le métabolisme lipidique et, ainsi, pour la réduction de la graisse corporelle. Conformément aux aspects décrits jusqu’ici, les effets suivants se produisent lorsque le métabolisme lipidique est optimisé: – Un taux de lipolyse accru augmente la concentration d’acides gras libres dans le sang au niveau des cellules adipeuses (adipocytes). – Une meilleure capillarisation musculaire augmente la disponibilité d’acides gras libres et le transport d’oxygène. Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé 10ANNONCE – L’augmentation du nombre de transporteurs membranaires fait que davantage d’acides gras libres arrivent dans les mitochondries. – Le nombre de mitochondries dans les cellules musculaires augmente. – Le nombre d’enzymes du métabolisme lipidique travaillant à l’oxydation augmente. – Enfin, une capacité aérobie très élevée augmente également le stockage de graisse dans les cellules musculaires. Capacité maximale d’absorption de l’oxygène (VO 2 max) Dans ce contexte, il convient d’aborder brièvement le sujet du VO 2 max, un terme que l’on entend souvent, mais dont les contours sont souvent un peu flous. Les choses deviennent plus claires lorsqu’on a la formule sous les yeux: VO 2 max = DC x (DA-VO 2 ) Le DC est le débit cardiaque par minute, qui se détermine au moyen de la fréquence cardiaque et du débit systolique. Cette partie de la formule décrit par conséquent la capacité de trans- port de l’oxygène. Plus la fréquence cardiaque et le débit systo- lique sont élevés, plus la quantité de sang, et donc d’oxygène, transportée dans les cellules musculaires est élevée. La deuxième partie de la formule (DA-VO 2 ) est la différence artérioveineuse en oxygène. Si le sang artériel contient beaucoup d’oxygène et que le sang veineux n’en contient plus guère, cela signifie que la cellule musculaire a pu utiliser une quantité d’oxy- gène correspondante. Plus la différence est grande, meilleure est l’utilisation de l’oxygène par les cellules. Naturellement, le niveau du VO 2 max joue un rôle, mais pour la capacité aérobie et l’oxydation des graisses, le seuil en pourcentage est plus important, autrement dit le pourcentage du VO 2 max auquel le taux de combustion des graisses est le plus élevé. CONÇU POUR VOTRE FITNESS APPROUVÉ PAR PLUS DE 200 ENTREPRISES 032 / 557.57.70 vente@echino.com www.echino.com Access Personnalisation et gestion de zones d’accès Subscription Gestion d’abonnement et contrat digitalisé avec e-signature Booking Plannification d’événements Réservation de cours et de services Online Vente d’abonnement en ligne et espace membres Point of sale Catégorisation et vente d’articles Gestion de stock multisites Marketing Campagnes marketing ciblées Notifications push automatiques ÉCONOMIES sur le secrétariat sur le marketing sur la comptabilitéMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Les procédures de test respiratoires La mesure des gaz respiratoires au repos et à l’effort est à privi- légier pour tirer des conclusions sur la performance du métabo- lisme lipidique. La mesure du lactate ne permet que de distinguer le métabolisme aérobie et anaérobie. Certes, différentes procé- dures de test permettent de déterminer, en zone aérobie, un état d’équilibre du lactate, ou même une réduction du lactate (taux de dégradation supérieur au taux de production) en cas d’effort continu constant. Cependant, elles ne permettent pas de mesurer la répartition en pourcentage des graisses et des glucides dans la zone aérobie mesurée. Lors d’une spirométrie, on détermine le quotient respira- toire (QR) au moyen de la calorimétrie indirecte. Le QR est le rap- port entre le dégagement de dioxyde de carbone et l’absorption d’oxygène. Il permet de déterminer la proportion des substrats oxydés, c’est-à-dire de savoir si le corps utilise plutôt des glu- cides ou plutôt des lipides pour produire de l’énergie à un mo- ment donné: QR = dégagement de CO 2 / absorption d’O 2 Un organisme qui rejette autant de CO 2 qu’il absorbe d’O 2 brûle des glucides. Dans ce cas, la valeur du QR est égale à 1. Pour oxyder des graisses, comme indiqué plus haut, il faut que le corps absorbe davantage d’O 2 qu’il ne rejette de CO 2 , et dans ce cas la valeur du QR est inférieure à 1. (Pour 100 % d’oxydation des graisses, le QR serait de 0,7.) Une augmentation de l’oxy- dation des acides gras entraîne par conséquent une baisse de la valeur du QR. Réduction de la graisse corporelle dans le sport axé sur la santé La réduction de la graisse corporelle est l’un des objectifs d’entraî- nement les plus fréquents des personnes soucieuses de leur san- té. Il faut insister ici sur le fait que des mesures ciblées de réduc- tion de la graisse corporelle doivent en principe comprendre, outre l’activité physique, des interventions sur l’alimentation. L’entraînement seul n’entraîne une perte de poids que si le volume et l’intensité de l’entraînement sont très élevés sur une période prolongée, par exemple lorsqu’on se prépare à un marathon ou à quelque chose de similaire. Il n’est pas possible d’atteindre ces volumes d’entraînement élevés en se rendant deux fois par semaine au centre de fitness. Comme les mesures relatives à l’alimentation sont très individuelles, traiter ce thème en détail dépasserait le cadre de cet article. J’y revien- drai ultérieurement. Recommandations pour l’entraînement du métabolisme lipidique au centre de fitness Il devrait ressortir de ce qui a été dit que pour que l’entraînement d’endurance soit fructueux, il faut connaître les régimes d’entraî- nement de la cliente ou du client. C’est pourquoi les tests sont incontournables. Les diagnostics de performance en laboratoire sont à privilégier, car ils offrent une précision bien plus élevée que les tests réalisés dans les centres de fitness. Les tests ordi- naires, tels que celui de Conconi, d’Astrand, de Cooper ou encore le test PWC, ne permettent pas d’obtenir des mesures très pré- cises. Ils fournissent néanmoins des indications générales, qui sont certainement plus utiles que les approximations basées sur La spiro-ergométrie livre les données les plus précises sur la capacité d’effort. Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé 12Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 Bibliographie De Marées, H. (2017): Sportphysiologie ; Sportverlag Strauss Heck, H. (1990): Energiestoffwechsel und medizinische Leistungsdiagnostik , Studienbrief 8 der Trainerakademie Köln des Deutschen Sportbundes; Hofmann-Verlag Schorndorf Hollmann, W., Strüder H.K. (2009): Sportmedizin, Grundlagen für körperliche Aktivität, Training und Präventivmedizin; Schattauer Verlag Stegemann, J. (1989): Leistungsphysiologie; Thieme Verlag Tegtbur, U.: Fettstoffwechsel, Gewichtsreduktion und körperliche Aktivität; Medizinische Hochschule Hannover Weineck, J. (2004): Sportbiologie ; Spitta Verlag la fréquence cardiaque en fonction de l’âge. Si les cardiofréquen- cemètres modernes mesurent le pouls de manière assez précise, l’interprétation des valeurs sans connaître les données respira- toires et métaboliques est soumise à des variations trop impor- tantes. En outre, d’autres facteurs comme la chaleur, la fatigue, le stress ou la boisson peuvent influencer la fréquence cardiaque et compliquer le contrôle d’une séance d’entraînement. Toutefois, la surveillance du pouls convient bien pour un suivi de l’entraîne- ment à long terme, par exemple pour identifier la baisse du pouls au repos, un pouls identique lors d’un effort accru ou encore un pouls au repos plus élevé, qui indique une récupération incom- plète ou une infection latente. Durée de l’entraînement Malheureusement, les affirmations superficielles telles que «la combustion des graisses commence après 20 minutes» sont en- core trop répandues. En tant que spécialiste de la santé, vous devriez savoir que le corps métabolise toujours de la graisse en zone aérobie, la question étant de déterminer dans quelle propor- tion. Le taux de mobilisation des acides gras libres par unité de temps augmente de manière linéaire par rapport à la durée de l’entraînement. Il n’existe pas de seuil temporel pour la durée op- timale de l’entraînement. Plus la séance d’entraînement est longue, plus les adaptations des aspects susmentionnés de la combustion des graisses sont importantes. Intensité de l’entraînement pour le métabolisme lipidique L’«entraînement en zone 2», ou entraînement «fatmax», est un terme clé pour l’entraînement de l’endurance. Cette zone définit la puissance (watts ou vitesse) à laquelle on obtient la combus- tion maximale des graisses à la minute. Dans la littérature ac- tuelle, cette zone se situe entre 1,3 et 1,5 mmol/lactate. Il est important de maintenir cette faible intensité, car lorsque la glycolyse augmente, et donc que la valeur de lactate augmente et que le pH diminue, l’enzyme carnitine acyltransfé- rase 1 est de plus en plus inhibée. Cette enzyme régule le trans- port des acides gras dans les mitochondries. À partir d’une aug- mentation de 40 à 50 % du VO 2 max déjà, l’oxydation des acides gras se réduit de 19 %. À 85 % du VO 2 max, l’activité enzymatique diminue de 50 %. Entraînement polarisé – principe du 80/20 S’entraîner de manière polarisée signifie que l’entraînement est le plus efficace aux deux extrémités (pôles) de la courbe de perfor- mance. Les sportives et sportifs amateurs s’entraînent souvent dans un entre-deux. Leurs phases d’entraînement faciles ne sont pas assez faciles, ce qui ne permet pas une adaptation optimale des graisses, et leurs phases d’entraînement intenses ne sont pas assez intenses, ce qui ne permet pas un développement suffisant de leur VO 2 max et de leur capacité anaérobie. Selon le principe du 80/20, 80 % de l’entraînement devrait se dérouler à basse inten- sité, et 20 % à haute intensité. Ainsi, une séance de 60 minutes pourrait par exemple contenir 48 minutes d’entraînement facile et 12 minutes d’entraînement intensif (structuré par exemple en intervalles de 3 x 4 minutes). Organisation de l’entraînement Dans de nombreux centres, le nombre d’appareils cardio pro- voque un goulet d’étranglement, car les utilisatrices et utilisa- teurs s’en servent de manière prolongée par rapport aux appa- reils de musculation. C’est pourquoi la combinaison de plusieurs appareils cardio s’impose. Au lieu de faire 60 minutes de vélo el- liptique (crosstrainer), il est préférable d’effectuer 20 minutes de marche sur un tapis de course, 20 minutes de vélo et 20 minutes de crosstrainer. Grâce au changement d’appareil, la performance métabolique ne retombe pas, différents mouvements sont solli- cités, la motivation reste élevée et les appareils se libèrent plus rapidement. 13Les performances d’équilibre au service du contrôle postural 14 Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 15 Contexte Dans un article précédent («BEWE- GUNGSMEDIZIN» 21/2024, en alle- mand), nous avons exploré les bases sensorimotrices des perfor- mances d’équilibre et établi leur lien neuromusculaire avec le contrôle postural. Nous allons à présent nous pencher, après avoir comparé l’équilibre statique et dy- namique, sur un test (non encore validé) permettant de quantifier les indices de charge bioméca- niques. Le test de saut sur une jambe (voir ill. 3) nous éclairera, d’une part, sur l’efficacité du mou- vement contrôlé par feedforward et, d’autre part, sur les déficits musculaires dans la chaîne articu- lo-musculaire. Nous verrons aussi si ce test de saut horizontal permet d’évaluer correctement un éventuel risque de chute. Les différentes aires corticales traitent l’intention d’agir, l’exécution de l’action et le contrôle moteur. La connexion ner- veuse centrale entre les niveaux de traitement et de contrôle (cortical, sous-cortical, supra-spinal et spinal) s’effectue de ma- nière séquentielle au sein du système sensorimoteur. Les mouve- ments volontaires auto-initiés nécessitent une décision interne d’interagir avec un objet (voir diagramme 1). Le mouvement cible global est le résultat du choix entre différentes options d’action, y compris celle de ne pas agir, ce qui est par exemple possible lors du test de saut sur une jambe. Typologie de la capacité d’équilibre Différents processus physiologiques nécessitent de distinguer l’équilibre statique de l’équilibre dynamique. Toute forme d’équi- libre devant être comprise comme le résultat de circuits de régu- lation neuromusculaires complexes contrôlés par feedback ou par feedforward, la différenciation quantitative se limite à la sys- tématique de la structure de l’entraînement (voir tab. 1). La capacité d’équilibre est une composante importante d’un entraînement axé sur la santé. Mais qu’en estil de la pratique dans les centres de fitness? Les modules d’entraînement connus sontils vraiment efficaces? Cet article tâchera de répondre à ces questions de manière détaillée. Urs Geiger, PTScFH, CAS CADM, CAS en physiothérapie du sport, enseignant à l’école professionnelle HWS Huber Widemann Schule à Bâle, forma- teur professionnel, praticien-formateur CD à l’EPF de Zurich, auteurMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 16 Diagramme 1: représentation schématique de la connexion séquentielle allant de l’intention au mouvement cible global. Le processus d’apprentissage du mouvement repose sur une comparaison permanente entre le résultat attendu et le feedback réel avec correction du mouvement. Sont également représentés les systèmes logistiques pilotés par le système végétatif et humoral, qui sont toujours coactivés au sein du système sensorimoteur. (U. Geiger, 2023) Mouvement cible global Mémoire Expérience Motivation Attention Dans la musculature et le foie Diffusion Perfusion Afférence Intention de mouvement Anticipation du déroulement du mouvement Préparation du programme moteur Stratégie sensorimotrice feedforward (sensorimotricité de posture et de mouvement) Différence? Proprioceptif Sensibilité profonde Sensibilité superficielle Sensibilité viscérale Homéostasie articulo-musculaire Posture Position des membres Déb. resp. Déb. card. Enzymes aérobies / anaérobies Résultat attendu Feedback réel Réaction Correction Systèmes logistiques Respiration Cardio-vasculaire Métabolisme énergétique Optique Acoustique Vestibulaire Régulation végétative 1. Tonus sympathique 2. Système endocrinien Cathécolamines Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santéMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 17 Tableau 1: définitions et caractéristiques neuro-fonctionnelles des deux types d’équilibre L’équilibre n’est pas une faculté isolée, mais toujours appliquée à une tâche spécifique Capacité d’équilibre statique Maintien de l’équilibre au repos; «perception de la position» dans diffé- rentes postures; essentiellement basée sur des informations proprioceptives, tactiles et optiques Principaux types d’équilibreCapacité d’équilibre dynamique Maintien et rétablissement de l’équilibre lors de grands changements de position corporelle; essentiellement basée sur des informations vestibulaires L’équilibre statique requiert lui aussi une adaptation permanente et ne peut pas être expliqué par un modèle dual; essentiellement réactif par feedback Régulation Par rétroaction (boucle de feedback) et anticipation (boucle de feedforward postural) Le changement de position dans l’espace est composé d’une série de postures successives menant d’un état d’équilibre à un autre; essentiellement anticipatoire par feedforward Effets d’apprentissage limités à certains mouvements; pas de transmissibilité générale Spécificité Choix ciblé de l’exercice de transmission adéquat Effets d’apprentissage limités à certains mouvements; pas de transmissibilité générale Mouvements asymétriques; doubles tâches avec poids supplémen- taires, en déséquilibre Disponibilité variable En partant de l’«exercice de base» Un œil ou deux yeux fermés, différentes positions de la tête Stratégie sensorimotrice pour maintenir l’équilibre en cas de perturbation Facteur de perturbation faible Stratégie de la cheville; compensation surtout par flexion plantaire active (extension dorsale) Facteur de perturbation moyen Stratégie de la hanche; compensation par déplacement du centre de gravité vers l’arrière en fléchis- sant la hanche avec les jambes tendues Facteur de perturbation important Stratégie du pas; compensation au moyen d’un pas (rapidité de réaction et «puissance rapide» nécessaires) Progression multimodale; capacités cognitives supplémentaires multidirectionnelle; directions de mouvement supplémentaires multifonctionnelle; tâches motrices supplémentairesMédecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 L’exemple d’exercice (ill. 1) montre l’utilisation posturale de para- mètres d’équilibre (régulation sous la forme d’anticipation et/ou rétroaction [compensation des attentes], spécificité, stratégie sensorimotrice, pondération et progression) et la possibilité de passer, au besoin, d’une forme d’équilibre statique à une forme dynamique: A) Dans la pondération somato-sensorielle, les capacités d’équilibre spécifiques peuvent être entraînées au moyen des paramètres extrinsèques et intrinsèques suivants: – petite surface d’appui avec extension latérale – modifier au choix la distance entre les pieds – placement différent des pieds (avant, milieu ou arrière du pied), aussi sur une jambe – combiner les variantes avec des flexions répétées des genoux – changer la position des bras (passer des bâtons latérale- ment ou verticalement au-dessus de la tête) – (facteur de) perturbation en poussant et en tirant mu- tuellement sur les bâtons 1 Décrit la possibilité motrice de maintenir, par l’activité réflexe de la musculature du bas de la jambe, le centre de gravité du corps sur la surface d’appui sans devoir modifier celle-ci. B) Dans la pondération sensorielle, les capacités d’équilibre spécifiques peuvent être entraînées au moyen des paramètres suivants, principalement intrinsèques: – fermer un œil après l’autre ou les deux yeux – positionnement ou mouvements de la tête à gauche/droite et en haut/bas Facteurs personnels du contrôle postural Le contrôle postural est à la base de l’ontogenèse, c’est-à-dire du comportement moteur inné servant à redresser le corps à la verticale contre l’action de la pesanteur. Lors du passage à une locomotion (hautement) dynamique, le maintien de l’équilibre instable dans la position debout est assuré notamment par les extensions réflexes des extrémités inférieures. Les fléchisseurs de la cheville, les extenseurs de l’articulation du genou et de la hanche et, en plus, du tronc (boucle des muscles extenseurs), reliés en chaînes articulo-cinétiques, y participent. L’entraînement de l’équilibre peut, dans une certaine me- sure, faire augmenter à la fois la puissance réactive et la capacité de saut. L’amélioration de ces compétences musculaires est due à une amélioration des interactions neuromusculaires, c’est-à-dire à l’amélioration du contrôle de la musculature du pied et du bas de la jambe. Ce qui débouche sur une utilisation plus efficace de la stratégie de la cheville 1 et, partant, sur un meilleur contrôle postural (Taube, Gruber & Gollhofer, 2008). Les exercices de mus- culation tenant spécialement compte des muscles de la jambe, de la hanche et du tronc, qui coopèrent contre la pesanteur dans la boucle des muscles extenseurs, sont donc essentiels pour en- traîner l’équilibre. Comme l’adaptation des mouvements des chevilles joue un rôle primordial dans le maintien du contrôle postural, il faut prêter une attention particulière aux muscles qui participent à ces mouvements dans les exercices de musculation (voir ill. 2). Le croisement des deux principaux axes de mouvement de l’articulation talo-crurale (extension dorsale/flexion plantaire) et de l’articulation subtalaire (inversion/éversion) donne lieu à quatre quadrants (ventral/latéral, ventral/médial, dorsal/médial, dorsal/latéral), qui doivent être assurés par les muscles dans leur amplitude de mouvement physiologique. C’est dans le qua- Illustration 1: exemple d’exercice complexe avec possibilité de pondération sensorimotrice en équilibre statique et dynamique (source: www.vlamingo.de) Informations professionnelles relatives à la promotion de l’activité physique et de la santé 18Médecine du mouvement – N˚ 6 / mars 2025 2 Les capacités d’une personne peuvent être classées en fonction d’un groupe de comparaison. Illustration 2: représentation schématique des deux axes de mouvement du pied, autour desquels la «stratégie de la cheville» peut s’adapter (les axes de pronation et de supination ne sont pas indiqués); dans les 4 quadrants, tous les muscles participant à deux composantes du mouvement sont indiqués. Art. talo-calcanéo-naviculaire Art. subtalaire Axe de flexion / extension M. tibial postérieur M. long fléchisseur commun des orteils M. long fléchisseur de l’hallux M. triceps sural Axe d’inversion / éversion drant ventral/latéral que le risque potentiel d’une inversion ex- cessive, comme dans un traumatisme par distorsion, par exemple, est le plus élevé. Les muscles qui consolident l’articu- lation sont ici les muscles long et court fibulaires, le muscle long extenseur des orteils et le muscle long extenseur de l’hal- lux. Dans ce contexte, insistons également sur l’importance fondamentale des extenseurs dorsaux (voir quadrants ventral/ latéral et ventral/médial), car une faiblesse de ce groupe de muscles, surtout du tibial antérieur avec le long extenseur des orteils et le long extenseur de l’hallux, est un des facteurs de risque connus pour les chutes. Test des performances d’équilibre Que l’on utilise plus ou moins de méthodes de mesure techniques complexes pour évaluer les capacités de coordination, seules des valeurs normatives validées permettent d’effectuer des compa- raisons dites transversales 2 . Il en va autrement lorsqu’on utilise un test (de coordination) pour une étude longitudinale, où l’on se contente d’observer la variation de la performance. Dans ce cas, le test et son exécution doivent aussi être standardisés, mais on ne compare pas les valeurs normatives: on évalue la variation aux fins d’une comparaison avant/après (T. Stemper, 2018). Dans le domaine médical, et notamment en neurologie, en oto-rhino-laryngologie et en gériatrie, on utilise des instruments de mesure standardisés et validés pour évaluer, entre autres, la capacité d’équilibre et le risque de chute (p. ex. test de Tinetti, test TUG, test de Romberg, échelle de Berg, test de Fukuda, et bien d’autres) . Ces tests étant d’ordinaire conçus de manière très su- bliminale en ce qui concerne les exigences sensorimotrices, leur indication est limitée dans les centres de fitness. En général, on attend d’un entraînement qu’il soit ciblé sur les tâches à accomplir, spécifique au contexte, intensif et qu’il permette d’améliorer les mécanismes d’adaptation anticipatoires. Un exercice de test peut être qualifié de spécifique si ces condi- tions générales peuvent également être évaluées. M. tibial antérieur M. long extenseur de l’hallux M. long extenseur des orteils Art. talo-crurale M. court fibulaire M. long fibulaire INVERSION (tous les fléchisseurs + triceps sural) ÉVERSION (tous les extenseurs + m. péroniers) 1 4 3 2 19Next >